Brazzaville (République du Congo) – le 5 Juillet 2024
Je voudrais adresser mes sincères remerciements à Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de gouvernement qui, malgré leurs contraintes de calendrier, ont bien voulu honorer, de leur présence, cette première conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement.
J’exprime également toute ma gratitude aux représentants de la Société civile, des communautés autochtones, des partenaires techniques et financiers et d’organismes scientifiques pour leur participation à cette conférence.
Je souhaite un agréable séjour au Congo à l’ensemble des participants venus d’autres pays.
La 27è Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies pour le changement climatique, tenue en novembre 2022 en Egypte, nous avait offert l’opportunité de lancer la « Décennie africaine et mondiale de l’afforestation et du reboisement ».
Il s’agissait, pour un monde plus sûr, d’appeler la communauté internationale à accélérer le plaidoyer en faveur d’un monde écologique plus vert par ses forêts et résolument engagé dans la lutte contre les changements climatiques.
Par la suite, du 26 au 28 octobre 2023, la République du Congo a organisé le deuxième Sommet des trois grands bassins forestiers tropicaux, à savoir l’Amazonie, le Bornéo-Mékong et celui du Congo.
Il est apparu judicieux d’œuvrer pour une réponse plus concertée et mieux structurée des trois poumons verts de la planète face aux dérèglements climatiques.
Aujourd’hui, sous l’égide de l’Union africaine et du Forum des Nations Unies sur les forêts que Nous saluons, s’ouvre la première conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement.
Dans notre culture, l’arbre est un compagnon inséparable de l’homme, y compris par la branche transformée en canne en bois qui souvent assiste ce dernier, pour son équilibre locomoteur, pendant le troisième âge.
Plus qu’un symbole, l’accompagnement de l’être humain par l’arbre se révèle incontournable dès lors que la forêt incarne, tout à la fois, la médiation et le dialogue. C’est sous l’arbre à palabres, véritable institution traditionnelle, que sont trouvées les solutions les plus inattendues aux problèmes du village.
La forêt ne sera plus uniquement une ressource pour son bois, mais encore davantage par l’action exercée sur la vie en société et l’oxygène vital qu’elle libère pour la survie de l’humanité.
En outre, au cœur de la lutte contre les érosions, les inondations ou les glissements de terrain, les arbres accélèrent les différents processus de rétablissement ou de régénération.
Par ailleurs, les forêts confèrent de nombreux avantages en matière de santé. Selon certaines études, un produit pharmaceutique sur 4 est fabriqué à base d’arbres, grâce à leurs propriétés médicinales largement reconnues depuis la nuit des temps.
Enfin, sources d’approvisionnement en denrées alimentaires pour les hommes et les animaux, les arbres rendent l’air plus sain en devenant des réservoirs de séquestration de carbone, contribuant à la réduction de gaz à effet de serre.
Au Congo, les populations mesurent à présent l’importance de l’afforestation et du reboisement, après avoir mis en doute notre option visionnaire et anticipatrice d’étendre et densifier les forêts, au regard du couvert végétal de notre pays, sur une superficie de plus de 60% du territoire national.
L’urgence climatique d’aujourd’hui, les canicules de ces derniers temps, les incendies de forêts, l’ensablement des cours d’eau, il n’a pas fallu plus que ces phénomènes pour illustrer l’imminence d’un danger qui menace notre pays.
La présente conférence apparaît comme l’amorce d’un processus de recherche et de riposte salvatrice. La situation, déjà bien connue, demeure préoccupante. La nécessité d’une intervention est avérée, autant qu’une réflexion pour passer à l’action.
Le tout réside dans la volonté d’agir et d’y consacrer les efforts nécessaires. Là où subsiste une volonté, il y a toujours une brèche pour la réussite.
Pour sa part, le Congo pourrait se prévaloir d’une visibilité ancienne, voire lointaine, en ce qui concerne la préservation des écosystèmes forestiers.
A ce sujet, une loi promulguée le 11 septembre 1984 a institué, au Congo, la Journée nationale de l’arbre, pour laquelle, le 6 novembre de chaque année, tout citoyen congolais est tenu de planter un arbre d’essence fruitière ou d’espèce forestière.
40 ans après son instauration, la Journée nationale de l’arbre est devenue une tradition et une pratique durable, de portée patriotique, à travers l’adhésion et la participation massives des populations à cette œuvre salutaire.
Chaque congolaise et chaque congolais accomplissent ce devoir citoyen avec ferveur et en toute responsabilité. Ainsi, le Congo plante et célèbre toujours les arbres.
De son côté, le Programme national d’afforestation et de reboisement, PRONAR en sigle, s’attèle, depuis sa création en 2013, à repeupler les espaces dégradés ou restés sans arbres.
Pour son compte, le Code forestier s’emploie à garantir une exploitation rationnelle de nos forêts, à telle enseigne qu’un arbre coupé est égal à un arbre planté en remplacement.
Fort de cette expérience accumulée par la République du Congo et au regard de notre démarche historique, en lien avec la lutte contre les changements climatiques, la dégradation continue de l’environnement trouvera assurément ses réponses les plus efficaces dans la préservation et l’extension des écosystèmes forestiers.
Face à l’urgence climatique, l’afforestation et le reboisement constituent, à n’en point douter, les leviers essentiels de l’action mondiale, notamment en termes de régulation de l’équilibre carbone de la planète.
A l’occasion de cette conférence, les modalités de mise en œuvre de la Décennie africaine et mondiale de l’afforestation et du reboisement ont fait, trois jours durant, l’objet d’échanges fructueux au sein des sessions, des panels et des huis-clos d’experts et spécialistes.
Aussi, la Déclaration de Brazzaville visant, entre autres, l’appropriation de cette initiative par les Nations Unies, la Stratégie mondiale incluant les aspects techniques, scientifiques et financiers ainsi que la mise en place d’une Organisation exclusivement dédiée aux forêts interpellent-elles notre sens de responsabilité face aux enjeux en présence.
A travers la Déclaration de Brazzaville, il nous appartient de recommander l’inscription de la Décennie africaine et mondiale de l’afforestation et du reboisement à l’agenda de la 79è session de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui se tiendra en septembre prochain à New York.
L’institution d’une distinction, sous la forme d’un Prix de la Décennie africaine et mondiale de l’afforestation et du reboisement, procède de la nécessité de mobiliser les Etats et les forces vives des différentes nations sur la voie d’un univers prompt à mieux gérer la problématique forestière au bénéfice de tous.
Au cours de nos travaux, il nous faudra définir une stratégie pour accroitre la superficie forestière mondiale. Il s’agira de décliner des orientations précises sur :
Pour le suivi des recommandations et la prise en mains plus opérationnelle des questions susmentionnées, permettez-moi de m’attarder sur l’absence, parmi les Agences, les Fonds et les Programmes spécialisés du système des Nations Unies, d’un organisme international spécifique se consacrant pleinement et entièrement aux forêts.
L’opportunité est à notre portée, dans le cadre du présent sommet, de proposer la création d’une telle institution mondiale.
De ce qui précède, il est impérieux, dès à présent, de remettre en question les pratiques d’antan, s’agissant de la gestion de nos forêts, pour un monde plus sain et plus sûr, apte à assumer son destin.
C’est pourquoi, il est essentiel d’arrimer les efforts d’afforestation et de reboisement à l’exigence de renoncer, de manière urgente et définitive, à la déforestation.
Pour notre survie collective, il convient aussi d’identifier des réponses viables à la question du financement de l’afforestation et du reboisement.
A ce sujet, la finance carbone pourrait soutenir les projets d’afforestation et de reboisement à travers des incitations et des compensations financières dédiées.
Le parcours même le plus long commence toujours par le premier pas. Mais, « qui sème dans les larmes, moissonne dans la chanson », dit un proverbe bantou.
Sur cet appel à l’action et à l’optimisme, Je déclare ouverts les travaux de la première Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement.
Je vous remercie.